Un synode est en cours

Un synode est en cours

Depuis mercredi, le « synode sur la synodalité » autrement appelé synode « sur l’avenir de l’Église » se réunit à Rome pour un mois. Durant ces semaines de travail, 365 hommes et femmes, représentants des commu- nautés chrétiennes du monde entier sont réunis pour se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint en écoutant les avis formulés par les Églises locales dont notre paroisse.

Les médias insistent beaucoup sur certains points qui seront discutés lors de ces rencontres, notamment autour de la question de l’ordination des femmes, de la bénédiction des couples homosexuels ou de la disci- pline du célibat sacerdotal. Pourtant, si ces points sont importants, ce ne sont pas ces éléments qui font le cœur du travail synodal. Le but d’une telle assemblée est de manifester une évolution majeure de l’Église du XXIe siècle qui est le décentrement

du charisme magistériel. Le « magis- tère » est l’aptitude dont dispose l’Église, par promesse de Jésus et le don de l’Esprit, à comprendre qui est Dieu et à le dire au monde. Depuis les débuts de l’Église, elle s’est reconnu le pouvoir de poser des mots, d’éla- borer des concepts théologiques, qui dépassent la stricte lettre de la Bible. Ainsi, depuis les premiers Conciles jusqu’à nos jours, les Pères de l’Église ont formulé les dogmes qui font notre credo, depuis la définition de la divinité du Christ jusqu’à l’Assomption de la Vierge Marie en passant par l’explica- tion de la Trinité ou la procession du Saint-Esprit.

Or les Conciles ont toujours été portés par le pouvoir romain, qu’il soit impérial ou papal, et discuté par les spécialistes de la théologie que sont les évêques. Déjà, au Concile Vatican II (1962-1965), tous les évêques du monde entier ont été convoqués à Rome et ont ainsi pu faire entendre la voix des Églises locales et ont permis une ouverture considérable de la transmission de la Bonne Nouvelle aux contemporains éloignés de Dieu.

La spécificité du synode de cette année est la consultation mondiale qui l’a précédé et la volonté du pape de laisser véritablement s’exprimer les préoccupations de tous, convaincu que c’est l’Esprit Saint qui conduit l’Église en inspirant les chrétiens qu’ils soient évêques ou laïcs. Le pape François ne veut pas faire descendre de Rome des directives ou des réponses toutes faites aux questions du monde. Il veut manifester qu’il n’y a rien à craindre lorsque l’Église écoute l’Esprit qui souffle et la fait grandir.

Après ce mois de discussions, un document sera produit et remis au pape, il sera de nouveau travaillé, affiné et prié. Et l’an prochain à la même période, une nouvelle assemblée synodale se réunira, cette fois-ci pour proposer des décisions concrètes, d’éventuelles réformes et en tout cas de nouvelles propositions pour la vie de l’Église au XXIe siècle.

Alors, certains ont peur d’une révolu- tion dans l’Église, d’autres craignent au contraire que la montagne ne donne naissance à une souris… Nous ne pouvons en tout cas pas être passifs et indifférents à ce que notre Église vit et à ce moment de son histoire qui se noue en ce moment même. Plutôt que de crier avec les loups média- tiques, ayons à cœur de prier pour ceux qui ont reçu la mission de faire cette œuvre synodale, et demandons au Seigneur, le seul bon Pasteur, qu’il conduise son Église là où Lui le veut. Ayons confiance, aimons l’Église.


Père Gaultier